Depuis longtemps, les Belgradois portent le sobriquet de « Tautis » ou grands amateurs de tartes, mais, sait-on pourquoi?
En 1718, les villes de Belgrade en Serbie et de Temesvar en Roumanie qui avaient été enlevées aux Turcs par les armées autrichiennes, après plusieurs siècles de domination musulmane, furent rendues à l’empire d’Autriche par le traité de Pasarovitz.
A cette époque, le Comté de Namur faisait partie des Pays-Bas Autrichiens. Les armées de l’empereur comprenaient également des régiments wallons. Déjà, sous Charles Quint, en 1542, les Pays-Bas avaient fourni 12.000 hommes d’infanterie et 5.000 chevaux pour soutenir la lutte contre les Turcs.
C’est donc en souvenir de la prise de Belgrade et un peu également pour plaire à l’occupant qu’Hubert GAINE, qui avait glorieusement participé à cette campagne, ouvrit, en 1719, à la « chaussée » menant de Namur à Bruxelles, une auberge qui porta comme enseigne « à Belgrade ».
Pour les Namurois, l’existence s’écoulait confinée à l’intérieur de leurs murs. Chaque soir, après que la grosse cloche de la tour Saint Jacques (actuellement le Beffroi) eut annoncé la fermeture des portes de l’enceinte, ils se retrouvaient retranchés du reste du monde.
Aussi par les beaux jours, dimanches et jours de fêtes, éprouvaient ils un véritable besoin d’évasion…le désir de gagner la campagne voisine si belle et pittoresque avec sa « chaussée » de gros pavés. Une fois les portes de l’enceinte de la ville franchies, au delà des bastions, glacis et fossés, c’était la promenade « à la mode » vers les auberges; on allait rire, s’amuser, savourer le repos et aussi la bonne tarte que l’on fabriquait à longueur de semaine à l’auberge « à Belgrade », alors qu’ailleurs on n’en confectionnait qu’à l’occasion « del dicauce » ;
De là, le dicton encore connu de nos jours : « C’est todi dicauce à Belgrade ».
Et c’est ainsi que le nom de Belgrade resta pour désigner en 1897, la nouvelle commune qui, auparavant, n’était qu’un hameau de Flawinne.
Par ailleurs, à cause de la difficulté d’y trouver une eau potable, un puits public fut creusé. On trouva, dit-on, la nappe aquifère à 35 mètres de profondeur. Ce puits surmonté d’une grosse pompe se trouvait à l’entrée de l’actuelle rue Deneumoustier, à gauche.
Alors que la plupart des Belgradois ne lisaient ni livres, ni journaux, la pompe était un lieu banal de rencontres et de là, que de potins prirent leur envol.
En 1975, le Comité d’Animation de Belgrade, réuni en Assemblée Générale, décida de créer une récompense, morale surtout, pour les personnes qui se dévouaient à l’animation de la vie Belgradoise et qui étaient disposées à perpétuer l’esprit « Tauti » après la fusion des communes du grand Namur.
La Confrérie fut officiellement installée le 2 mai 1975 et le nombre de ses Chevaliers volontairement limité à 40.
En souvenir du folklore Belgradois, leur insigne a pour motif une tarte, une pompe et l’inscription « Suy Chevalier par le Mérite ». Ils portent la cape verte à doublure blanche (couleurs de la commune).
Notre chapitre annuel est fixé au dimanche le plus proche du 19 mars (fête patronale de Belgrade).
Depuis 1976, notre confrérie est représentée au Conseil Noble des Confréries du Namurois (CNCN).
Au départ, pour l’admission au sein de la Confrérie, il était précisé ceci : « pour être admis dans la Confrérie, ce qui implique l’adhésion sans réserve à la charte statutaire, il faut être élu par le Conseil pour les motifs déterminés par la charte sur présentation d’un parrain (ou marraine) Chevalier. Le but de la Confrérie est de réunir certaines personnes susceptibles de collaborer efficacement au développement de l’esprit belgradois ou à l’essor de la commune sous la dénomination de Chevaliers de la Confrérie. La Confrérie se propose également d’honorer certaines personnes choisies pour leur mérite : ce sont les dames d’honneur ou les compagnons d’honneur de la Confrérie ».
Par souci de traditions locales, les Chevaliers de la Confrérie de la Tarte et de la Pompe défendent deux produits ancestraux : la tarte et la bière « VÎ KEUTE » qui était fabriquée, au 17ème siècle, rue des Brasseurs à Namur.